Je crois être un moment le jour rasant les murs et ciel étonnamment haut au centre de la cité;
comme je ne peux me blesser aux volets écartés, je regarde les pièces où l’on mange, où l’on dort parce que l’on est enfant, et les couloirs plus après les intérieurs enfiévrés, se demandent un peu de lumière que parfois j’apporte sans réfléchir; des hommes statufiés aux angles des ruelles n’ont pas toujours à boire et le défilé populaire ne porte que du silence... Une femme passe et ses yeux se courbent en entrainant le désir, le vertige de ce qui souffre, écrasée par le mépris, l’indifférence. Peut-être, sa bouche est à la poursuite d’un bon coeur qui n’existe qu’au fond de quelques uns que l’expression détruit. Peut-être aussi son visage tout entier file vers l’heure tardive pour s’éteindre une fois encore sur un manque total de tendresse...Femme chevelure brune et son regard rencontre ma transparence, hésite à s’incliner parce qu’il y a des affiches aux gras caractères, éclatantes, qui naviguent par intermittence sur un même trajet, la quotidienneté tout au long des trottoirs, je précise un linge qui sèche, les voiles de navires croisés, inexplicablement privés de foi, errants, sans but pris...
Il me semble par instant qu’une infime partie de moi-même lutte pour les êtres déambulant très au dessous de mon infini et pourtant il y a des larmes dans le regard de cette femme qui revient du marché...
François Forest,le 2 Décembre 1962 - Gênes/Italie