Les fleurs oranges du papier peint


Le petit,pris dans les vagues de son lit
Fixait dans la mi-nuit
Les fleurs oranges du papier peint
Des primevères dans sa tête,l’enfantin!
Que cela lui donnait des voyages!
Etrangement sa ville arrivait.
Trams,torsion de la cheville à la rail
Ruines de la guerre,angoisses des massacres,
Docks sous l’averse,barraques par des caisses
Et cette argile jaunâtre,armée d’obus
Qu’une sirène”il y a”en signalait la grume.
Dans les rues pavées,éclatées comme des crânes
L’enfant,sa main abricot clair
A demi dans sa bouche sucrée
Pleurait dans la région des grises cernées.
Que cela l’attaquait à ses lèvres!
Coupée de marocains méprisés
D’accent du Nord,étranglante nausée
Cette voix de Monsieur,écoeurante batardée;
Que cela était étranger à son petit nez!
Toute la mitraille le touchait.
Il était dans les méchantes horreurs
Pris dans l’ombre des gueules tonnerre
Il regardait les blessés se tairent,les visages sans couleur
Sa mère forçait dans un sac son frère
Petite larme humaine,pleur du secret de la chair
Que c’était effrayant ces chocs amortis
Par des regards blancs,atroces et démunis.
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Le chérubin s’obligeait à mourir tout cela
Pour replonger dans les hauts herbages;
Le trêfle,les poussées de charmes dans le clos.
Pas et roue sur le gravier crissant.
Que c’était vrai ainsi ce roulement
De sourires bleus dans la martre de l’aube!
Le petit pris dans les vagues de son lit
Fixait dans la mi-nuit
Les fleurs oranges du papier peint
Des primevères dans sa tête,l’enfantin!



06/06/61 Le TRIANON.François Forest



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