Mort, j’appelle de ta rigueur,
Qui m’as ma maîtresse ravie,
Et n’es pas encore assouvie
Se tu me tiens en langueur :
Onc puis n’eus force ne vigueur;
Mais que te nuisoir elle en vie,
Mort ?
Deux étions et n’avions qu’un coeur;
S’il est mort, force est que devie,
Voire, ou que je vive sans vie
Comme les images, par coeur,
Mort !
François Villon
S’il ne m’était permis de conserver dans ma mémoire et dans mon âme, qu’un seul poème, ce serait celui là.
La profonde résonance qu’il continue à provoquer en moi, est d’une puissance sans pareille. Que ces vers aient plus de cinq siècles ne diminuent en rien leur très grande qualité et la haute signification émotionnelle des images sublimes qu’ils dégagent. Chaque mot utilisé par le poète est un joyau avec sa gangue ! L’association de l’assemblage des termes donne tout bonnement un miracle d’une poignante vérité !
Ce poème est relativement court, il m’apparaît après être passé de longues années à l’intérieur de moi-même, comme incroyablement démesuré et émouvant, tel peut l’être l’amour fou lorsqu’il frappe un grand coup dans le palpitant et qui lorsqu’il meurt malheureusement, laisse une trace indélébile et évidemment inoubliable.
François Forest, Paris le 16/07/2.000