Sur un rempart. Assis.
Un couteau avec lequel je gratte la pierre, agressée par ailleurs par des vents à toute vitesse, pluies sans régularité depuis des millénaires... Mes ancêtres, foule e semblables vivants y pénétrant... Ce n'est pas seulement une banale énigme constante, la pierre sur laquelle corps et âme, je souffre...
Visages des paysans et des seigneurs... Touristes anglo-saxons... Un chat de gouttière à pu s’y poser. J’ai conscience que mon amour de voir en découvrant, se perd dans la triste interrogation de ce qui a vécu, qui est là encore cependant... Un mystère lequel élucidé, résoudrait le problème de la vie, en détruirait peut-être ce fardeau écrasant : l’histoire que l’on traîne misérablement bien derrière son destin qui lui donne un sens fatal bien amer par l’idée que le présent puis ce futur limité, n’est que la continuation d’un echec permanent : la mort toujours et toujours en point de mire jusqu’à ce quelle devienne une réalité incontournable
Ont on serait devenu obligatoirement un acteur parmi des milliards d’autres, mais bien incapable au moment ultime de la vie, de ressentir la fin soudaine et définitive de soi-même...
Souhait profond de comprendre véritablement le cycle immuable et minant de Chronos. Il est possible que mes mains reposent en ce moment à un endroit de la muraille où un enfant, il y a cinq siècles est venu mourir de faim et de froid sans que ses lamentations n’aient été entendu par quiconque... Qu’est de venu son cadavre ? Me dis-je, la tête en continue dans le sablier qui ne cesse de perdre de sa substance de désert et de néant... Où en suis-je à ce niveau là, me dis-je égoîstement sans plus me soucier du jeune miséreux, alpagué par la mort dans des temps de pauvreté violente...
Mais, me dis-je, a-t-il seulement existé ce garnement de la malediction que la camarde de ce temps, acheva sans effort dans l’indifférence totale au sein d’un monde de profonde détresse où la fatalité invariable était la règle ordinaire...?
Ceci est probablement un bref conte pour enfants à apeurer, c’est tout à fait probable ! Mais est-ce que cela est déraisonnable de penser à ce genre bien particulier de destin ? Je ne le pense pas vraiment puisqu’on a la preuve que cela s’est passé un nombre incalculable de fois !
Une pauvresse encore, a laissé courir ses doigts sur la rugosité des pierres, en regardant la mer entrer rageusement dans le port par gros temps.
A quoi pouvait-elle ressembler ?Aucune idée mais il n’empêche que je ne peux pas faire autrement que de façonner un visage décharné par les privations mais ayant conservé un regard brillant, brûlant, souffrant, émouvant et attachant. Cela s’impose... Allons ! Je suis maintenant au douzième siècle ! Deux têtes se sont jointes sur les remparts où elles se sont aimées. Pourquoi pas ? Qui ferait que cela n’ait pas eu lieu ? Rien ! Et il me plaît de m’évader dans ce genre de rêves absurdes autant que plausibles ! J’aime tellement le passé que je m’y engouffre dès que je le peux... Et je vais où cela me convient en m’efforçant de rendre les choses plausibles à moi-même...
... Plus loin, des gens suivent des trottoirs qui doivent les menés je ne sais où, très précisément...des verres se vident dans les cafés, des chiens reniflent ce qu’ils peuvent en battant convulsivement de la queue, le clocher lugubre sonne gravement, la nuit me tombe sur les épaules et je dois maintenant penser à rentrer...
Jeudi 14/06/1962 - En mer-Demain, serons à Mers el-kébir
François Forest